Comme beaucoup d’autres secteurs, les acteurs du marché de l’assurance se trouvent dans une situation complexe au cœur d’une crise sanitaire et économique. Comment analyser les difficultés rencontrées et comment, à travers une meilleure exploitation des données et une plus grande mobilisation des outils technologiques, pourront-ils tirer leur épingle du jeu ?
Une situation difficile du côté des assureurs comme des entreprises
Côté profitabilité des assureurs d’entreprises, la situation est difficile. La profitabilité de la plupart des acteurs était négative avant la crise sanitaire et s’est dégradée depuis, avec des ratios combinés – indicateur de la profitabilité d’un assureur, ratio Charges/Produits = (Sinistres + Frais de gestion) / Primes – pouvant aller au-delà de 110, voire 120/130 pour certains acteurs. L’assureur qui reçoit 100 € de prime, avec en regard un coût de 120 € en sinistres, frais de gestion et distribution, est conduit à réagir…Dans ce contexte, à côté de la revue des niveaux de couvertures spécifiques – comme en transport ou en cyber – et de primes reparties à la hausse, des assureurs d’entreprises se sont lancés dans des projets d’innovation avec des premières avancées dans la valorisation des données.
Côté entreprises, beaucoup sont en fait insuffisamment assurées, la crise sanitaire ayant par exemple révélé que la moitié des entreprises en France n’achetaient pas d’assurance pertes d’exploitation. Et les récents renouvellements ont été sous tension dans ce contexte de hausse de primes.
Que le marché soit baissier ou haussier, la différenciation des primes en fonction des risques reste pourtant essentielle. Il convient donc de développer des indicateurs de risques homogènes et plus objectifs au service des assureurs et des entreprises : pour permettre aux premiers de mieux « acheter » les risques qu’ils assurent et aux seconds de mieux « vendre » leurs risques aux assureurs, soutenus par leurs partenaires courtiers, agents, et experts.
L’analyse des risques étant par définition déjà au cœur du métier de l’assureur et de ses actuaires, les méthodes traditionnelles d’analyse des risques ont donc besoin d’être enrichies et renouvelées par des solutions innovantes.
Accentuer la valorisation des données : le défi de 2021
Nous pouvons donc être convaincus qu’après la crise sanitaire et les débats entre des assureurs et des assurés entreprises, les assureurs d’entreprises chercheront à se renforcer sur leur cœur de métier, à savoir cette analyse du risque au service de toute la chaîne de création de valeur de l’assurance : la sélection des risques, leur tarification, l’adéquation des couvertures avec les risques, la profitabilité et la pérennité de l’offre d’assurance.
Mais beaucoup d’acteurs sont inquiets ou indécis concernant le choix des cas d’usage et les investissements correspondants à prioriser.
Source: Intelligent Insurer
Dans ce contexte, récapitulons les points fondamentaux : 1. les données sont la matière première de l’assurance afin de modéliser les risques pour mieux les connaître et les analyser, et ainsi les assurer ; 2. les assureurs d’entreprises ont aujourd’hui pour la plupart une profitabilité négative ; 3. les entreprises assurées font face à un « champ de mines » avec des risques plus nombreux, plus complexes.
Pour identifier les cas d’usage et prioriser les investissements, l’innovation doit rester au service authentique des métiers de l’assurance d’entreprise, afin de répondre concrètement aux enjeux de profitabilité et de meilleure maîtrise des risques. Les assureurs qui ont commencé à s’engager dans des projets d’innovation le savent : seule une alliance des compétences métiers du risque, technologiques et data peut répondre à ce défi.
Conclusion : des innovations et de nouvelles perspectives pour l’assurance
Pour surmonter la crise sanitaire et économique, mais aussi pour être en phase avec le monde de demain, la transformation digitale et la valorisation des données apparaissent incontournables pour l’assurance des entreprises. En effet, au-delà des enjeux de profitabilité, l’innovation pour une connaissance plus fine des risques est par définition un effet de levier pour… les éviter, donc au service de politiques de prévention plus proactives.
Laurent Barbagli