Le jeudi 26 septembre dernier, nous apprenions le drame de l’explosion de l’usine Lubrizol à Rouen qui aura fait partir en fumée plus de 5 000 tonnes de produits chimiques. Un événement qui nous rappelle tristement l’intérêt de travailler toujours davantage sur l’anticipation des risques. À l’heure d’une complexité des risques croissante, d’une rentabilité des assureurs sous pression sur le risque d’entreprises alors que la Banque Centrale Européenne commence à préparer le terrain à l’annonce d’une nouvelle baisse des taux, quelles perspectives pour le métier d’assureur ?
La technologie est aujourd’hui disponible et permet de renforcer la prédiction des risques
Le boom du numérique a accompagné l’explosion du Big Data, effet de levier essentiel pour la prédiction des risques. Les données sont en effet la matière première des assureurs et servent déjà à anticiper les risques de dégâts des eaux et de cambriolage notamment, voire même de divorce ! L’explosion de données couplée à la puissance de calcul existante aujourd’hui a ouvert la possibilité d’une large utilisation de l’Intelligence Artificielle dans de nombreux domaines, y compris dans les assurances qui sont amenées à revoir leurs habitudes pour s’adapter à cette nouvelle ère.
Capable de déterminer une grande quantité de données, le Big Data associé à nos nouvelles technologies vont nous permettre de grandes avancées en termes de prédiction… à condition de collecter, agréger et exploiter davantage les données clients au-delà des données sinistres et primes. Cela conduit à prendre aussi en compte les données externes qui ne sont pas ou peu exploitées. En les croisant davantage, on parviendra en effet à prédire au mieux les risques à venir. L’enjeu est de taille pour les assureurs et les mutuelles : prédire l’avenir pour accroître la connaissance et la maîtrise des risques. Cela permettra ensuite de construire des couvertures ou d’adapter les couvertures existantes en vue de développer de nouvelles offres d’assurance ou de faire évoluer les offres existantes.
La pression sur la rentabilité des assureurs implique de retravailler les business models
Alors que de nouveaux modèles de prédiction font leur apparition, le métier d’assureur demeure confronté aux faibles taux d’intérêt qui ont pour impact de diminuer la rentabilité des assureurs qui placent l’argent des polices d’assurance. En effet, à l’heure où la BCE s’apprête à annoncer une nouvelle baisse des taux, c’est un poids supplémentaire qui est à envisager sur la rentabilité des assureurs, il devient alors de plus en plus nécessaire pour eux d’opter pour de nouvelles options dans leur cœur des métiers, adaptées à la transformation numérique et ses évolutions technologiques.
Et si ce besoin existait du côté du marché des PME et PMI, qui sont bien souvent insuffisamment assurées ? Le ressenti de la plupart de leurs dirigeants est qu’ils ne sont pas suffisamment couverts… Ce constat arrive la majorité du temps trop tard, devant le fait accompli des sinistres engendrés ! L’IA pourrait indiquer les priorités en termes de risques à croiser en fonction des couvertures existantes.
Prédiction, Big Data et IA : avenir des assureurs
Vous l’aurez compris, le boom de l’évolution des données amène à repenser nos stratégies préventives, notamment dans le domaine de l’assurance via la prédiction des risques. Au lendemain de la catastrophe que nous venons de vivre à Rouen et des rebondissements qui l’ont suivi, il est intéressant de s’interroger dès maintenant sur ce que nous pourrions mettre en place. Et dans cette nouvelle façon d’anticiper les risques, l’IA peut permettre le développement du business des assureurs dans le monde de demain : les assureurs qui auront travaillé sur toutes les données disponibles auront une vue plus précise et plus fiable des risques et des besoins de leurs assurés. Ils pourront contredire Winston Churchill quand il disait : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées » …
Laurent Barbagli